samedi 19 juillet 2008

"My fat greek dinner, le retour" : ραβανί (ravani)

Chose promise, chose due. Après la première partie du dîner grec ici, le ravani pour finir. Je sais, vous trépignez, vous n'en pouvez plus, ce sont vos recherches Google qui me le disent...

Le ravani est un gâteau de semoule imbibé de sirop, que l'on retrouve partout autour de la Méditerranée, sous divers noms : revani en Turquie, basboussa dans les pays maghrébins, ma'mounia en Egypte.

Un jour d'audace culinaire, j'ai commandé ce dessert sans avoir la moindre idée de ce qui m'attendait. Très vite, le goût subtil des zestes d'agrume et de la fleur d'oranger m'ont - sans surprise - conquise. Ce qui a l'air d'un gâteau un peu étouffe-chrétien au premier abord est finalement léger et frais. Etant donné que le gâteau est d'abord cuit puis arrosé de sirop, il est encore meilleur s'il est fait la veille ou l'avant-veille.

Pour 8 personnes

Pour le gâteau
- 4 oeufs
- 2 oranges
- 2 citrons
- 100 g de semoule fine
- 100 g d'amandes en poudre
- 40 g de farine
- 1/2 paquet de levure
- 75 g de sucre

Pour le sirop
- 400 ml d'eau
- 100 g de sucre
- 75 g de miel
- 5 cs d'eau de fleur d'oranger

Préchauffer le four à 200°.

Zester les oranges et les citrons puis prélever leur jus. En arroser la semoule et laisser reposer une vingtaine de minutes pour faire gonfler la semoule.

Pendant ce temps, battre les oeufs avec le sucre, la poudre d'amandes et la farine. Ajouter la semoule avec le jus des agrumes, les zestes puis la levure.

Verser dans un moule rectangulaire beurré et enfourner pour... aïe... je ne me rappelle plus. J'ai fait cette recette il y a déjà un bout de temps, et je n'ai plus aucun souvenir du temps de cuisson. Disons entre 30 mn et 1 h. Le gâteau est cuit quand la croûte est bien dorée-presque-brune, quand le gâteau est gonflé et quand - originalité quand tu nous tiens - la lame d'un couteau ressort sèche du centre.

Pendant la cuisson du gâteau, préparer le sirop en faisant cuire l'eau, le sucre et le miel dans une casserole à feu moyen jusqu'à ce que le sirop épaississe un peu (un quart d'heure environ).

Laisser refroidir le sirop et le gâteau à température ambiante. Arroser en 3 ou 4 fois l'ensemble du gâteau, et mettre au frais pour une journée au moins.

Le ravani se sert traditionnellement coupé en losanges (comme sur la photo là haut, tellement belle que vous vous doutez bien que ce n'est pas moi qui l'ai faite. Je l'ai éhontément volée ici). Servi avec un peu de yaourt grec très frais, non sucré, et parsemé de quelques pistaches moulues, et c'est le bonheur...

vendredi 4 juillet 2008

"Du sain !" : salde de quinoa et courgette au parmesan et aux pignons de pin

Vous n'avez peut-être rien remarqué, tout occupés que vous étiez à regarder le foot et à traîner dans les kermesses de fin d'année, mais je viens de déserter pendant 3 semaines. J'étais dans un endroit paradisiaque. Tellement paradisiaque que j'ai savouré chaque jour sans connexion au monde moderne.

Bon, le paradis pour moi peut être en Allemagne. Et l'un des éléments de ce paradis est la cuisine allemande. Je sais, ce n'est pas vendeur de dire un truc pareil sur un blog qui se veut culinaire.

Ainsi, pendant 3 semaines, j'ai dégusté Würtschen et Spätzle sans modération. Un peu comme si une guerre se préparait et qu'il fallait absolument que je me fasse un Speck de ventre capable de résister à 3 ans de famine. Ou alors un peu comme si jamais je n'allais revenir en Allemagne et que je devais profiter de tout jusqu'à satiété (et la satiété est longue à venir).

Au final, en rentrant chez moi, je n'avais qu'une envie : des crudités, du frais, du sain ! Je ne me suis pas reconnue moi-même... Le résultat, cette salade de quinoa, remplissait totalement le cahier des charges, le parmesan et les pignons lui donnant quand même une petite touche sexy, mais encore bien loin d'une vraie junk food.

Avant de vous laisser, il faut que j'avoue : le sain, ça ne marche pas du tout avec moi. Une fois ma salade pleine de choses très saines avalée, j'ai dévoré mon Tendre lait de Milka à pleines dents.


Pour 4 personnes

- 150 g de quinoa
- 1 courgette
- 100 g de parmesan en copeaux
- 100 g de pignons de pin
- 3 cs d'huile d'olive
- 2 cs de jus de citron
- sel, poivre

La veille, éplucher et couper la courgette en tranches trèèèès fines, pour qu'elles puissent confire dans la sauce. Dans un grand saladier, recouvrir du jus de citron et de l'huile d'olive, saler et poivrer. Couvrir et mettre au frais.

Faire cuire le quinoa, le laisser refroidir et mettre au frais dans un récipient séparé des courgettes.

Faire dorer les pignons de pin dans une poêle.

Juste avant de servir, mélanger aux courgettes le quinoa, les pignons et le parmesan.

vendredi 6 juin 2008

"My fat greek dinner" : μελιτζάνες παπουτσάκια (Melitzanes papoutsakia)

En fait, il faut que je mette quelque chose au clair : je ne parle pas du tout grec couramment. A moins que ça ne vienne par l'ouzo. Mais je trouve néanmoins que ces petites lettres grecques là haut dans le titre font très joli.

En voyant ça, je comprends vraiment pourquoi j'ai voulu faire du grec en 4ème. Manque de bol, il n'y avait dans mon collège que du latin, dont je trouvais les terminaisons en "us" absolument lugubres. Oui, parfaitement, j'associe des choses qui ne vont pas ensemble normalement. Si je voulais me la péter un peu rimbaldienne, je dirais que j'ai une tendance à la synesthésie (uéééééé, deux liens Wikipédia dans une seule phrase hyper pompeuse, c'est le grand retour de la page culturelle dans ce blog). Mais ce serait un peu faux, et vraiment juste pour me la jouer ex-bachelière intellectualo-littéraire. Le fait est que je n'ai jamais appris le grec, ni ancien ni moderne.

Revenons-en à nos agneaux grecs. La semaine dernier, j'en avais assez de ce printemps qui ne ressemble à rien. J'avais envie d'être en vacances et au soleil. J'avais envie de me prendre pour un GO d'un célèbre club de vacances qui fait aussi des salles de sport (ça peut être très utile et complémentaire, vu ce qui va suivre). J'ai donc convié des amis pour un dîner grec. On n'a pas fini par danser le sirtaki, parce que ça aurait été vraiment trop, mais presque.

De l'ouzo, de la melitzanosalata (vulgairement appelé caviar d'aubergine chez nous), du tzatziki et des olives pour commencer, rien de bien foulant. Ensuite, ces fameuses μελιτζάνες παπουτσάκια, ce qui signifie "petits souliers d'aubergine". Et là, pour être honnête, c'est plus vite mangé que préparé... Et pour finir, un ravani, dessert dont vous aurez bientôt la recette.

Je présume que ni μελιτζάνες παπουτσάκια ni "petits souliers d'aubergine" ne vous permet de déterminer ce que sont réellement les melitzanes papoutsakia. Contrairement à ce qu'il y paraît, ce ne sont pas "juste des aubergines farcies". Ce sont des aubergines vidées, dont la chair est confite avec de la tomate et de la viande hachée, puis recouvertes de béchamel et de fromage et gratinées au four.

Ne parlant toujours pas grec couramment (un jour, peut-être...), j'ai fureté pour utiliser un mélange de recettes en français et en anglais, en essayant de trouver ce qui ressemblerait le plus aux melitzanes papoutsakia du resto grec en bas de chez moi. J'ai été (la photo était celle qui ressemblait le plus à ce que je connaissais, regardez-la bien), (qui m'a donné les grands traits pour les proportions, avec celle-ci également), et enfin . Et je crois que j'ai trouvé ma recette d'aubergines farcies à la grecque (qui ressemblaient, évidemment, de façon flagrante à des petits souliers, mais oui mais oui).

Après tous ces liens Wikipédia si fascinants, passons aux choses sérieuses...


Pour 6 personnes :

Pour les aubergines

- 6 aubergines, plutôt courtes et dodues que longues et fines
- 4 grosses tomates ou 6 petites (remplaçables par une boîte de tomates, mais il faut une grosse tomate fraîche malgré tout)
- 2 cc de concentré de tomate
- 4 oignons
- 600 grammes de viande de bœuf hachée
- 1 botte de persil plat
- 3 gousses d'ail
- 500 grammes de fromage de brebis type Ossau Iraty (pour remplacer le kefalotyri)
- de l'huile d'olive. Beaucoup d'huile d'olive...

Pour la béchamel

- 25 g de beurre
- 25 g de farine
- 350 ml de lait
- sel, poivre et muscade


Commencer par vider les aubergines en ne laissant qu'un demi centimètre de chair sur la peau, en faisant TRES attention à ne pas abîmer la peau, qui sera ensuite farcie*.

Dans une grande poêle, faire chauffer 2 cs d'huile d'olive et y mettre la chair des aubergines à confire, jusqu'à ce qu'elle soit un peu caramélisée et réduite en purée.

Pendant ce temps, émincer les oignons et les faire caraméliser dans un peu d'huile d'olive dans une sauteuse. Monder les tomates et les couper en cubes, en réservant 6 grandes tranches pas trop fines (d'où la nécessaire grosse tomate fraîche si vous utilisez des tomates en conserve). Mettre les dés de tomate à confire dans une autre poêle bien chaude, avec 1 cs d'huile d'olive, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de jus. Ajouter la viande hachée puis, lorsqu'elle est cuite, le persil haché, l'ail émincé, le concentré de tomate et la chair des aubergines.

Couper l'ossau iraty en gros bâtons et les placer au congélateur pour qu'il soit plus facile de le râper.

Faire cuire les peaux d'aubergine en les plaçant côté chair dans une poêle avec de l'huile d'olive, à feu vif pendant 5 min, puis à feu plus doux, couvert, pendant une vingtaine de minutes, en les retournant pour qu'elles ne brûlent pas **. Réserver.

Préchauffer le four à 200°C.

Préparer une béchamel assez épaisse. Faire fondre le beurre puis ajouter la farine d'un seul coup. Faire cuire en remuant jusqu'à ce que le roux devienne un peu mousseux, sans le laisser colorer. Hors du feu, ajouter d'un seul coup le lait à température ambiante sans cesser de remuer pour éviter les grumeaux. Remettre sur le feu et faire cuire jusqu'à ce que la béchamel soit bien épaisse. Saler, poivrer et ajouter un peu de noix de muscade.

Sortir le fromage du congélateur et le râper au robot (ou à la main si vous avez envie de travailler les triceps avant l'été).

Remplir les aubergines de la farce, couvrir d'une petite couche de béchamel, d'une tranche de tomate et enfin de fromage. Enfourner pour 20 à 30 minutes à 200°.


* Je ne sais pas si j'ai la meilleure technique : elle fonctionne, mais ce n'est en tout cas pas la plus rapide : je fais comme pour une mangue, en entaillant la chair en croisillons avec un couteau pointu et la détachant ensuite losange après losange (humhum, c'est une impression ou c'est obscur ??). Efficace, mais looooong...

** La recette originale prévoit de les faire frire, mais trop d'huile d'olive tue l'huile d'olive, donc je me suis abstenue. J'essaierai peut-être une cuisson longue et douce au four la prochaine fois.

samedi 17 mai 2008

"Bienvenue chez E.T." : le poulet vert

Attention, une allusion subtile à un film d'auteur tadjike s'est glissée dans le titre. "Sauras-tu la reconnaître ?" (© Caro)

Bon, je pense que ce poulet vert n'aurait pas beaucoup de succès auprès des moins de 15 ans. Trop de vert tue le vert. Je pense que, passée l'excitation liée à la surprenante couleur de ce poulet, ils se diraient bien que tant de vert est suspect et ne peut être que l'œuvre du Diable Légume. Je sais, certains enfants aiment les légumes. Mais pitié, ne remuez pas ici l'épluche-légume dans la plaie de ceux dont la progéniture trouve que les pâtes et les frites sont les meilleurs légumes au monde.

Je te jure, parfois, être parent, c'est dur. Par exemple quand tu découvres que la chair de ta chair préfère les petits pots de grandes multinationales plutôt que la purée maison préparée avec amour et patience (spéciale private kassdédi). Non, vraiment, il y a de quoi désespérer.

Menfin bon, je suis pour l'instant loin de tout ça. Donc je peux faire du poulet vert sans me demander qui va le manger, parce que la réponse est toute trouvée. Tiens, pour ajouter du suspens à ce blog, je te laisse deviner la réponse. Je sens que je suis la future Mary Higgins Clark de la blogosphère...

Je sais pas si tu remarques, mais pour une fois, tu as exceptionnellement de la photo culinaire ratée pas appétissante pour illustrer ce billet. J'espère que tu apprécies le côté flou artistique et le côté vert de la chose.

Ne dis rien, je pourrais être tentée de ne plus jamais mettre de photo nulle pour donner à mes billets ce côté artisanal que tu affectionnes tant. Et je te ferai dire que du blog culinaire avec de la photo artistique, ça ne manque pas. Alors que la recette avec de la photo nulle, ben ça court pas les rues. Et moi, j'aime innover. Oui, parce que récemment, on m'a dit dans un tout autre contexte "ne soyez pas des moutons, soyez des pionniers". Alors moi, je pionne et puis voilà. Bon, ok, y a de la concurrence revendiquée, mais là bas, ben y a pas les recettes, alors qu'ici, si.


Pour 4 personnes

- 4 escalopes de poulet
- 1 tête de brocolis
- 400 ml de lait de coco
- 2 cc de curry
- 1 cc de gingembre
- 1 cc de graine de coriandre moulues
- 2 petits piments de Cayenne entiers séchés (genre ça)
- quelques gouttes de sauce poisson
- 1 cc de sauce soja
- 1 gros bouquet de coriandre fraîche
- huile d'olive

Préparer le brocolis rincé en détachant les bouquets. Faire chauffer 1 cs d'huile d'olive dans une sauteuse et y faire revenir à feu vif les fleurettes de brocolis en remuant régulièrement.

Pendant ce temps, couper le poulet en lanières. Ajouter aux brocolis. Quand le poulet commence à cuire, baisser le feu, ajouter le lait de coco, les épices (curry, gingembre, graines de coriandre, piments entiers - nan mais je précise parce que je sais bien que certains, voire certaines, seraient capables de mettre la coriandre fraîche, alors que la coriandre, dès que ça cuit, ça perd son goût sublime. J'aurais bien fait une note de bas de page mais à coup sûr, personne ne l'aurait lue, alors que là, ça t'emmerde, mais tu lis), la sauce poisson et la sauce soja. Couvrir et laisser mijoter à feu doux pendant 15 à 20 minutes.

Juste avant de servir, enlever les petits piments de la sauce, couvrir des feuilles de coriandre. Entre le brocolis - qui colore la sauce d'un caca d'oie dégueu mais tellement original - et la coriandre, vous avez votre poulet vert.

mercredi 14 mai 2008

"Simple, mais pas ordinaire" : Blancs de poulet farcis aux olives et au parmesan

"Simple, mais pas ordinaire" est le maître mot de ma maman, en toute occasion. Je n'arrive pas à savoir ci cette expression est aussi claire pour quelqu'un qui ne l'a jamais entendue, en particulier sortant de la bouche de ma maman, qu'elle l'est pour moi. Un concentré de savoir-vivre à l'ancienne en quelques mots. A côté, Nadine de Rothschild peut aller se rhabiller, avec ses formules à base de réussite et de séduction.

Je trouve que cela s'applique tout à fait à cette recette, qui peut être largement préparée à l'avance et en jette bien plus que sa préparation enfantine ne le laisse supposer. Mais c'est certain, ses ingrédients sont simples. Pour un résultat pas ordinaire. En revanche, il ne faut pas avoir peur de mettre les mains dans le poulet et dans le gras. Et il faut savoir faire un peu de couture. Rien de bien sorcier, donc.


Pour 4 personnes

- 4 blancs de poulet
- 150 grammes d'olives vertes grossièrement hachées
- 1 cuiller à soupe d'huile d'olive
- 1 cuiller à soupe de jus de citron
- 1 cuiller à soupe de poudre d'amande
- 2 cuillers à soupe de parmesan râpé
- 2 cuillers à soupe de crème fluide

Mêler tous les ingrédients hormis le poulet et la crème dans un bol.

Fendre les blancs de poulet dans la longueur avec la pointe d'un couteau. Etaler la pâte aux olives à l'intérieur des blancs. Aplatir les blancs avec la paume de la main et recoudre le poulet avec une aiguille alimentaire et de la ficelle. Je n'ai jamais essayé, mais je présume que ficeler les blancs doit également permettre de retenir le tout.

Faire dorer à l'huile d'olive les blancs farcis dans une poêle. Saler et poivrer. Retirer les blancs de la poêle et ôter la ficelle. Déglacer et ajouter la crème. Servir nappé de la sauce.

samedi 10 mai 2008

"Ma petite robe blanche" : trifle au limoncello et aux framboises

J'ai récupéré de ma soeur le livre Ma petite robe noire de Trish Deseine il y a quelques semaines. En lisant les recettes, j'ai compris pourquoi il ne lui avait pas plu. Le feuilleter avait dû lui faire le même effet qu'à moi, lorsqu'on m'avait offert Julie cuisine en quelques minutes de Julie Andrieu, sommet de la gastronomie, qui explique comment faire un club sandwich, un oeuf sur le plat au micro-onde ou un croque-monsieur au fer à repasser. La petite robe noire est aussi peu le style culinaire de ma soeur que la cuisine en quelques minutes le mien.

J'y ai en revanche trouvé pas mal de petites recettes de Trish Deseine qui me plaisent bien. Je ne les ferai pas toutes, c'est certain. Je trouve légèrement abusif de considérer comme une "recette" l'idée de mettre une cuiller de crème fraîche et un peu de caviar sur une tranche de brioche, mais heureusement, tout n'est pas de cet acabit.

Pour un premier ballon d'essai, j'ai jeté mon dévolu sur un trifle au limoncello et aux myrtilles. J'avais depuis longtemps envie d'essayer cette fameuse version british du tiramisu, et l'appel du limoncello été irrésistible (mais siiii, j'en ai déjà parlé ici).

Problème : impossible de trouver des myrtilles, que j'ai allègrement remplacées par des framboises. Et c'était juste ce qu'il fallait, avec quelques ajouts par rapport à la recette originale : la chantilly est sucrée et aromatisée, et les fruits sont crus.

Même mon père, la personne la plus exigeante que je connaisse en matière culinaire (il a raté sa vocation de critique gastronomique, rien ne lui échappe), a trouvé que c'était "très agréable". Autant vous dire que ça frise la perfection dans son langage à lui. Donc j'ai décidé que ce dessert deviendrait ma petite robe blanche, bien plus adaptée au grand été que m'inspire ce trifle que la robe noire.


Pour 4 personnes :

- 4 gros biscuits à la cuiller
- 25 + 5 cl de limoncello
- 200 g de framboises
- 1 cs de sucre en poudre
- 50 g de sucre glace
- 25 cl de crème fleurette très froide
- 1 sachet de zeste de citron râpé Dr Oetker (ou le zeste d'un citron si vous n'avez pas la chance d'habiter dans un endroit correctement fourni en produits Dr Oetker)
- 1 cs de graines de pavot noir

Tremper les biscuits à la cuiller dans les 25 cl de limoncello et placer au fond d'un plat ou de verrines individuelles. Répartir les framboises et saupoudrer de sucre en poudre.

Monter la crème en chantilly, ajouter le sucre glace, le zeste de citron et le reste de limoncello.

Répartir la crème sur les framboises et mettre au frigo pour au moins 2 heures. Servir très frais, parsemé des graines de pavot.

mardi 1 avril 2008

"Le retour gagnant" : cake Margherita au pesto, tomates séchées et mozzarella

Après des semaines et des semaines d'absence, me revoilà enfin (le "enfin" vaut avant tout pour moi et non pour vous, je ne saurais présumer de votre impatience à me retrouver).

Alors que j'avais le temps de me remettre à concocter bien des choses alléchantes, j'ai été d'une part privée d'ordinateur, et je me suis d'autre part retrouvée à sortir matin, midi et soir, donc à ne jamais cuisiner.

Au final, mon premier retour aux cocottes a été consacré à une recette bien simple, mais tout à fait adaptée au buffet de soirée auquel elle était destinée : cake au pesto, tomates séchées et mozzarella.

Pour la haute gastronomie, on reviendra plus tard. Et pour l'originalité aussi : j'ai tout simplement repris la base classique et passe-partout de Sophie Dudemaine, qui permet toutes les variations possibles.


Pour un moule à cake :

- 3 œufs
- 150 g de farine
- 1/2 sachet de levure
- 3 cl d’huile d'olive
- 12,5 cl de lait entier
- 100 g de gruyère râpé
- 150 grammes de pesto alla genovese (au basilic, pignons et parmesan)
- 1 bocal de tomates séchées (300 grammes avec l'huile)
- 1 boule de mozzarella

Préchauffer le four à 180 °C (th 6).

Egoutter les tomates séchées et les couper en petits morceaux. Egoutter la mozzarella et la couper en petits cubes.

Faire tiédir le lait, l'huile et le pesto. Fouetter les œufs avec les liquides tiédis puis ajouter petit à petit la farine. Ajouter le gruyère, les tomates séchées, la mozzarella et la levure.

Verser dans un moule à cake non graissé et mettre au four pour 45 minutes.

jeudi 21 février 2008

"Quand la Belle province rencontre le Bel paese" : panna cotta au sirop d'érable

Que faire lorsqu'un peu de sirop d'érable nous nargue ostensiblement dans le frigo alors qu'il n'y a plus de crêpes pour justifier qu'il soit dégusté ? J'aurais pu l'engloutir pur à la petite cuiller, ce n'est pas genre de choses qui m'effraient. Mais j'avais envie d'être constructive cet après-midi. Oui, constructive, parfaitement.

J'ai cherché un recette de panna cotta au sirop d'érable, sans succès. Je n'ai trouvé que des recettes accompagnant la traditionnelle panna cotta de coulis au sirop d'érable. Sans doute pas mauvais, mais pas ce que je cherchais.

J'ai donc repris ma base, la recette de la Cuiller d'argent, en remplaçant tout simplement le sucre par du sirop d'érable (ce qui m'a permis de découvrir qu'il existait du sucre d'érable, ce qui doit être pas mal du tout).

Au final, je ne suis pas certaine que l'on puisse encore appeler ça une panna cotta tant les règles de l'art sont bafouées, mais c'est bon. Disons que c'est une panna cotta très "Petite Italie" (clique pour la minute culturelle).


Pour 6 ramequins :

- 50 cl de crème liquide légère
- 10 cl de sirop d'érable
- 5 feuilles de gélatine

Faire ramollir la gélatine dans de l'eau froide.

Faire tiédir la crème et le sirop d'érable. Délayer la gélatine.

Mettre au frais pour 4 heures au moins.

lundi 18 février 2008

"Cremoso" : risotto aux asperges vertes et au mascarpone

Dans ma vie d'avant, je ne connaissais pas le risotto. Dans ma vie d'avant, ma soeur adorait le risotto. Dans ma vie d'avant, quand ma soeur faisait du risotto, je trouvais que ça sentait bizarre voire mauvais, et je n'en voulais jamais.

Dans ma vie d'aujoud'hui, j'aime le risotto.

Et dans ma vie de ce soir, je viens de réussir mon premier risotto. C'est ce qu'on appelle un changement radical, non ?

En revanche, je suis bien penaude car je tiens cette recette d'un livre quelconque recopié chez une copine en vitesse, dont le titre m'échappe complètement. Une chose est sûre : il parlait de risotti... J'ai juste changé les proportions par rapport à la recette initiale pour mettre plus de mascarpone (histoire de finir le pot) et surtout de parmesan, mon péché mignon...

J'avais entendu les pires horreurs sur le risotto : long à faire, compliqué à réussir, jamais parfait... Pourtant, mon dîner de ce soir était des plus acceptables. Chance de la débutante ou rumeurs infondées ?


Pour 4 personnes en plat, ou 6 personnes en entrée

- 300 grammes d'asperges vertes (les asperges du Chili Picard sont impeccables)
- 1 petit oignon
- 200 grammes de riz rond à risotto
- 75 cl de bouillon de volaille
- 10 cl de vin blanc
- 200 grammes de mascarpone
- 100 grammes de parmesan

On va dire que vous êtes aussi fan de Picard que moi et que les asperges congelées n'ont donc plus de secret pour vous. Donc : répartir les asperges sur une assiette recouverte de sopalin. Faire décongeler 5 minutes à puissance maximum au micro-ondes. Si vous préférez les fraîches, il suffit de les faire blanchir.

Pendant ce temps, émincer finement l'oignon. Faire chauffer le bouillon.

Couper les asperges en rondelles épaisses en gardant les pointes. Faire revenir le tout à feu vif dans une noisette de beurre pendant 5 minutes en remuant régulièrement. Réserver au chaud.

Dans la même poêle, remettre une noisette de beurre pour faire blondir les oignons émincés. Lorsqu'ils sont bien translucides, ajouter le riz et laisser revenir 5 minutes.

Mouiller avec le vin blanc. Après évaporation, ajouter louche après louche le bouillon en laissant cuire à feu moyen 15 minutes environ, sans cesser de remuer.

Ajouter le mascarpone, le parmesan et les rondelles d'asperge. Servir en décorant avec les pointes.

vendredi 15 février 2008

"Le Père Noël exotique" : mangue rôtie à la vanille et écume de coco

Bien que je ne croie plus au Père Noël depuis longtemps, celui-ci continue pourtant à me gâter chaque année. Il faut dire que je suis toujours d'une sagesse remarquable. La dernière fois qu'il est descendu du ciel, il m'a apporté un siphon, outil révolutionnaire et aussi superflu que nécessaire. A vrai dire, j'essayais depuis des mois de me convaincre que je n'avais pas besoin d'un enième nouveau truc pour cuisiner. Mais comme on ne peut mentir ni au Père Noël, ni à Dieu, j'ai eu la surprise d'en revevoir un le 25 décembre au matin. La vie est bien faite, et le Père Noël est quand même vachement doué, pour quelqu'un qui n'existe pas.

Depuis, je n'ai pas cuisiné une seule fois en raison d'un programme de révision plus que chargé. Hier soir, il fallait pourtant que je trouve une façon de clore légèrement ma soirée de Saint Valentin ultra-romantique "raclette entre copines". Le hasard faisant une fois de plus bien les choses, je suis tombée le matin même sur cette recette très tentante du blog B comme Bon, qui est en réalité aussi Beau que Bon (et qui, si vous suivez bien, devrait s'appeler B comme Bon comme Beau). Problème : je ne peux décemment pas servir un dessert à la banane à une anti-banane notoire. Et je n'ai pas de sirop de banane verte. J'ai rapidement modifié la recette, et ça donne ce qui suit, avalé en moins de deux après une bonne raclette.



Pour 4 personnes

- 1 mangue bien mûre
- 10 g de beurre doux
- 2 cuillers à café de cassonade
- 1 gousse de vanille
- 25 g de sucre
- 250 ml de lait de coco
- 1 feuille de gélatine
- 1 citron vert

Au moins deux heures avant de servir, placer le siphon vide au frigo. Ramollir la gélatine dans de l'eau froide. Faire tiédir le lait de coco avec les 25 g de sucre. Délayer la gélatine dans le lait de coco tiède. Vérifier que le sucre ait bien fondu dans le lait. Laisser refroidir puis verser dans le siphon, ajouter la cartouche de gaz et mettre au frigo à l'horizontal jusqu'au moment de servir.

Couper la mangue en gros dés. Faire revenir dans le beurre en saupoudrant avec la cassonade. Ouvrir la gousse de vanille en deux, gratter les graines avec la pointe d'un couteau et les ajouter aux morceaux de mangue. Faire caraméliser en remuant doucement pour ne pas écraser la mangue.

Pendant ce tempxs, prélever le zeste du citron vert, et le presser.

Répartir les mangues dans 4 verres et laisser refroidir à température ambiante. Ajouter un trait de citron vert sur les mangues.

Juste avant de servir, remplir les verres d'écume de coco jusqu'en haut. Décorer avec les zestes de citron vert et servir tout ce suite.


Pour une version encore plus rapide, remplacer :
- la mangue fraîche par de la mangue en conserve au sirop léger (250 g de fruit sans sirop environ)
- la vanille par deux sachets de sucre vanillé (et faire caraméliser sans sucre supplémentaire alors) ou un trait d'extrait de vanille
- et le citron vert par ces merveilleux petits flacons en plastique de citron vert déjà pressé.

jeudi 13 décembre 2007

"Voyage voyage dès le réveil" : Smoothie des îles

Depuis que j'ai mon super robot que j'aime d'amour, je me demande comment j'ai vécu sans. L'une des choses que j'apprécie le plus est sa fonction blender qui me permet de faire des smoothies tout doux et tout aériens, sublimes pour un vrai brunch (non, ceci n'est pas un billet sponsorisé par Seb).

J'avais un reste de salade d'ananas dans mon frigo, et la folle envie de donner un air de dimanche à mon petit-déjeuner, et voilà comment est né le smoothie des îles.


Pour 2 grands verres :

- 1 boîte d'ananas au sirop sans le sirop (ou 1/3 d'ananas frais épluché et coupé en petits cubes)
- 3 bananes
- 100 ml de lait de coco
- 150 ml de lait
- 1 cuiller à café de sucre

Mixer tout dans un blender jusqu'à ce que le mélange soit mousseux (environ 3-4 minutes). Et c'est prêt !

mardi 11 décembre 2007

"Je ne suis pas une fille pour rien" : Petites crèmes au Baileys

C'est bien connu, les filles aiment le chocolat et le vin blanc doux (de préférence avec des pétales de rose sur la bouteille, ça marche encore mieux). Elles aiment la crème de marron et les sushis. Elles aiment les framboises et le Baileys. Voilà, je suis une vraie fille donc j'aime tout ça. Je vais même jusqu'à infliger ce traitement dévirilisant aux hommes dînant chez moi (qui n'osent jamais trop s'en plaindre). Certes, j'aime aussi le camembert, mais pas trop le saucisson, ce qui doit sauver ma féminité - au moins à table.

Le thème du jour sera donc le Baileys, la liqueur "aux parfums de crème et de café, et des arômes d'amande et de noisette avec un goût doux et sucré", qui est par ailleurs ma dernière lubie culinaire. Je crois que j'ai une personnalité de monomaniaque en cuisine : je me toque du jour au lendemain d'un truc, autour duquel tout tourne ensuite pour une période plus ou moins longue. Le sucré-salé et les tartares depuis plusieurs années, le lait de coco et la coriandre depuis plusieurs mois, et maintenant, le Baileys.

Voici la minute culturelle sponsorisée par Wikipédia : plus de 4 millions de litres de crème sont utilisés chaque année pour produire le Baileys en Irlande, ce qui correspond à 4,3% de l'ensemble de la production laitière irlandaise. Ben ça alors...

Bon, donc depuis que je veux moi aussi goûter à la crème (alcoolisée) des verts pâturages irlandais, je me suis mise à la recherche de recettes qui me permettraient de laisser libre-cours à ma toute nouvelle Baileysomanie.

Je suis d'abord tombée sur les très alléchantes mousses au Baileys du non moins alléchant blog Beau à la louche de Loukoum (qui a exactement la même opinion que moi sur la girlytude du Baileys et des sushis, au passage. C'est bien qu'on doit avoir raison). En l'asbsence de siphon dans ma besace magique, j'avais fait une tentative très peu concluante, qui s'approchait plus de la soupe au Baileys qu'à une mousse onctueuse. Il faudra que je réessaie bien différemment.

Après ce premier ratage magistral, j'ai gardé espoir, et décidé de me lancer dans les Panna cotta au Baileys de Bernie. Je prenais dès lors moins de risque, en voyant que la recette était proche de ma recette de base de panna cotta. Je n'ai que très légèrement modifié la recette, principalement pour augmenter sensiblement la quantité de liqueur ("attention, boire, c'est mal, mais qu'est-ce que c'est bon...") et de gélatine :


Pour 6 petites coupes :

- 50 cl de crème légère (pas pour la ligne, juste pour éviter que ça ne soit trop lourd)
- 70g de sucre en poudre
- 15 cl de Bailey's
- 5 feuilles de gélatine

Mettre à tremper les feuilles de gélatine dans de l'eau froide.

Faire chauffer dans une casserole la crème liquide et le sucre jusqu'à ce que le mélange soit chaud mais pas bouillant.

Ajouter une à une les feuilles de gélatine essorée en remuant pour qu'elles fondent dans la crème, puis le Baileys.

Verser dans des petits pots ou des coupes. Laisser refroidir et mettre au réfrigérateur pour au moins 12 heures.

lundi 3 décembre 2007

"De fort fort lointain, mais d'on ne sait où" : la soupe de carottes aux épices

Je fais des soupes quasiment toutes les semaines en hiver. La base est toujours la même : un oignon émincé et coloré dans de l'huile, des légumes revenus, de l'eau à hauteur, et un bouillon cube. Seuls les légumes et les épices changent de recette en recette.

Cette fois-ci, j'avais l'intention de faire une soupe de carottes un peu à l'indienne, suite à la dégustation d'une délicieuse soupe de lentilles corail au curry chez une amie.

Après avoir goûté, je dois me résoudre à l'évidence : c'est bon, mais pas particulièrement indien ! Bon, on va quand même dire que c'est vaguement asiatique, au moins pour les épices utilisées. Ma soupe de carottes à l'indienne est devenue une soupe de carottes aux épices.


Pour 1,5 litre de soupe (j'ai du mal à dire combien de convives vous pourrez servir avec cette quantité, étant donné que je m'en sers de grands bols en plat principal, sans calculer les portions... Bon, je dirais de 4 à 6 personnes, à vue de nez) :

- 1 oignon
- 2 cuillers à soupe d'huile d'olive
- 6 belles carottes
- 1 cube de bouillon de volaille
- 1 cuiller à café de gingembre en poudre
- 1 cuiller à café de 4 épices
- 2 cuillers à café bombées de curry
- 1 boîte de lait de coco (400 ou 500 ml selon les marques)

Emincer l'oignon et le faire blondir dans l'huile d'olive. Eplucher et couper les carottes en grosses rondelles et les faire revenir avec les épices pendant une dizaine de minutes avec l'oignon dans l'huile.

Couvrir d'eau chaude à hauteur, et ajouter le bouillon-cube. Laisser cuire le temps nécessaire (je sais, ce n'est pas précis, mais ça va de 10 minutes à la cocotte minute, à 45 minutes pour une casserole normale : les carottes sont très longues à cuire). Vérifier la cuisson avec un couteau : le coeur doit être bien tendre.

Mixer au blender ou au mixeur-plongeur avec toute l'eau de cuisson, puis ajouter le lait de coco. Saler (le bouillon cube sale largement assez à mon goût, mais je suis une morue dessalée qui aime tout sans sel ou presque) et poivrer.

dimanche 2 décembre 2007

C.O.C.O.T.T.E.

Silphi m'a démandé d'épeler mon nom. J'ai décidé de le faire ici et culinairement.

C comme... chocolat. Une évidence. Chocolat blanc, chocolat au lait puis, l'âge venant, chocolat noir. Je deviens très exigeante avec le chocolat. J'en viens à ne même plus avoir envie de ces chocolats ordinaires, pâteux, trop sucrés et gras. J'en mange de moins en moins souvent, mes fringales de tablettes m'ont quittée depuis quelques années déjà. Mais celui que je mange est meilleur. Et dans la cuisine, c'est irremplaçable : mousse au chocolat au lait, fondant au chocolat noir de chez noir, cheesecake aux framboises et au chocolat blanc... Et un jour, la découverte : la sauce au chocolat pour accompagner des plats salés. Ma tante a toujours été très hardie dans ses tentatives culinaires. Parfois un peu trop. Mais son pigeon au café et son canard au chocolat sont inoubliables.

O comme... octobre. Le mois où l'on commence à revenir aux plats d'hiver. Les marrons et les potirons font leur apparition. L'Adventszeit que j'aime tant approche. Que des perspectives réjouissantes !

C comme... cramé. Laisser mon plat brûler m'arrive bien trop souvent à mon goût. Je sais qu'écrire ce genre choses sur mon blog de cuisine attaque considérablement ma crédibilité, mais je dois avouer que c'est la vérité. Lorsque j'invite des amis dîner chez moi, j'ai tendance à me laisser emporter par la conversation, jusqu'à oublier mes casseroles. Le pire cramage a été celui de mes tartelettes tomates-aubergines-mozzarella, qui étaient méconnaissables. Mon riz-coco y a échappé de peu il y a quelques jours. Je commence à comprendre l'avantage des cuisines américaines.

O comme... orange. Quand j'étais petite, le samedi et le dimanche matin, mon papa nous préparait souvent du jus d'orange fraîchement pressée. Comme je n'étais pas chieuse qu'à demi, il fallait en plus me le passer au chinois pour qu'il n'y ait pas pulpe, et me rajouter un peu de sucre. Je me rappelle avec nostalgie ces petits moments de tendresse. J'aime toujours autant le jus d'orange fraîchement pressé, et j'apprécie encore tout particulièrement qu'il soit passé au choinois, même si je le bois désormais avec sa pulpe dans le cas contraire. Je mets de l'orange un peu partout : dans la soupe de carottes, avec le saumon cru en tartare, avec le saumon fumé en salade, avec du porc, dans la salade de fraises. C'est un agrume ni trop acide ni trop sucré, qui va avec tout. Surtout depuis que je sais comment le peler à vif en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

T comme... topinambour. J'adore le topinambour, dont les autres noms sont si poétiques : artichaut de Jérusalem, soleil vivace, poire de terre. Son association avec la guerre et les restrictions alimentaires a failli faire oublier son goût si fin de fond d'artichaut. Ma résolution de l'année est de cuisiner du topinambour, ce que je n'ai encore jamais fait. Le velouté de topinambour vanillé de Mercotte notamment me fait sacrément de l'oeil pour les fêtes.


T comme... thé. Pas seulement la boisson, mais tout ce qui va avec. Le plaisir de retrouver des amies pour papoter autour d'une tasse et de petits gâteaux de filles, le plaisir de rejoindre mes parents autour de la cheminée pour cette petite tradition familiale du week end, le plaisir de me faire plaisir en m'accordant une vraie pause en fin de journée. Un bol fumant, avec plein de lait dedans, et la magie opère toute seule. Le thé est réellement un moment à part, avec de la musique douce et des petites bougies. Comme pour le chocolat, je m'embourgeoise théiquement parlant. Après avoir goûté du vrai bon thé, il est difficile de revenir au Lipton. J'ai mes maisons de thé préférées, dont je reparlerai bientôt sur une recette de petites crèmes au thé.

T comme... thaï. La cuisine thaïe est à mes yeux la plus fine des cuisines asiatiques. Berlin regorge de restaurants thaïs, du plus simple au plus gastronomique. Celui qui était à côté de mon ancien bureau était divin, et c'est là que mon chef a invité toute l'équipe à fêter mon départ. Je n'ai pas encore réussi à retrouver exactement les saveurs de ce restaurant - le Good Time de la Hausvogteiplatz - dans ma cuisine, mais je ne désespère pas. J'attends avec impatience mon premier salaire pour aller dîner au Blue Elephant, le grand resto thaï chic de Paris, dans la rue de la Roquette.

E comme... érable. Ou plutôt sirop d'érable, celui que je peux boire nature, directement au goulot de mon tupperware, comme une sagouin dans ma cuisine, quand personne ne me voit. Celui dont j'arrose tellement copieusement mes pancakes qu'on sent bien que les crêpes ne sont qu'un prétexte au sirop. Celui que ma soeur rapporte du Québec dans ses valises. Celui qui est "si bon qu'on peut en mettre partout", dixit son ancienne voisine, notamment dans les fèves au lard. Là, je passe mon tour. Mais vous devriez trouver ici quelques recettes du Grand Nord pour l'utiliser avant de l'avoir bu nature goulûment...


Edit : comme me le fait si justement remarquer Denys, je mets trois T à mon nom pour être certaine de ne rien oublier. Et maintenant, je ne sais plus lequel enlever, évidemment. Donc pour cette fois, de façon tout à fait exceptionnelle, Cocotte s'écrira Cocottte. Voilà, pis c'est comme ça.

lundi 26 novembre 2007

"A mad tea party" : petites crèmes au thé

Le thé et moi, c'est une grande histoire d'amour. Mais, comme toute amoureuse, je suis très exigeante : je n'aime ni le thé vert (amer) ni le thé fumé (qui sent le ramoneur) ni le thé nature. Je vais même jusqu'à noyer mon thé sous une grande rasade de lait.

Donc je présume que du point de vue d'un réel amateur de thé, je suis une petite joueuse, puisque ce qui me fait rêver, ce sont le Marco Polo et le Phénix de Mariage Frères, le Jardin de Pierre et l'Envie de Pierre Hermé, l'Amarettini et l'Ambassador Mischung de Demmer, et n'importe quel très bon thé Earl grey ou à la vanille. Pour résumer : j'aime le thé quand il goûte autre chose que le thé.

Selon Wikipédia, "l'utilisation du thé comme boisson serait apparue en l'an 2737 avant notre ère, quand des feuilles se seraient détachées d'un arbre pour tomber dans l'eau chaude que l'Empereur Shen Nung avait fait bouillir pour se désaltérer". (Oui, j'ai définitivement décidé de faire de Mademoiselle Cocotte "le blog culinaire où l'on apprend des choses, et notamment à étaler la culture comme de la confiture". C'est vendeur, non, comme slogan ?)

Maintenant que vous êtes cultivés, nous allons pouvoir nous remettre aux fourneaux. Ces petites crèmes sont aussi rapides à faire qu'à déguster. Je fais souvent une dégustation en aveugle, curieuse de savoir combien de temps mes invités vont mettre pour découvrir l'ingrédient mystère qui fait tout le charme de cette recette. Le goût du thé est en effet très subtil, mais apporte indéniablement une touche d'originalité à cette recette très classique.


Pour 4 personnes :

- 20 cl de lait
- 20 cl de crème fleurette
- 3 œufs
- 70 g de sucre
- 2 cuillers à soupe de thé parfumé (à ce que vous voulez. Le tiercé gagnant est, au choix : vanille, Earl grey, ou jasmin)

Préchauffer le four à th 5-6 (160°). Faire bouillir le lait dans une casserole. A l'ébullition, ajouter le thé, couvrir, éteindre le feu et laisser infuser 5 min. Filtrer le lait, ajouter la crème et réserver au chaud.

Dans un saladier, casser les œufs et fouettez-les avec le sucre. Verser le mélange lait-crème très chaud en filet sans cesser de fouetter. Répartir la préparation dans quatre ramequins et faire cuire dans un bain-marie pendant 35 à 40 min au four.

Vérifier la cuisson des crèmes avec une lame de couteau, les sortir du four et les laisser refroidir avant de les placer 1 h au frais.


(Post cuisinum : pour ceux qui voudraient (re)lire la "mad tea party" d'Alice au pays des merveilles, c'est ici)

"Les Anglais font aussi de bonnes choses" : le crumble aux pommes épicées et aux noix de pécan

Lorsque j'étais petite, j'étais malade environ 3 jours par semaine, selon les statistiques officielles de l'INSEE, ce qui me permettait de rester à la maison et de traîner dans les jupes de ma maman. Comme ma maman était souvent dans la cuisine, j'y ai - par la force des choses - passé pas mal de temps également, pour mon plus grand plaisir.

Évidemment, je l'aidais d'une main assurée. Le "gâte-sauce", que j'ai recasé pour décrire les heureux commentateurs de ce blog, vient de là : j'ai été un gâte-sauce de premier ordre. Et aujourd'hui encore, lorsque je pénètre dans la cuisine familiale, je ne peux m'empêcher de tourner un coup à droite et un coup à gauche, persuadée que cette petite touche garantira le succès de la recette, comme autrefois.

De temps en temps, j'étais la cuisinière en chef, et ma maman était mon second. Je me suis ainsi constituée un répertoire gastronomique typique de l'enfance, au sommet duquel se trouvait la périlleuse pâte à crêpes. Je lisais avidement mon livre de recettes pour enfant, mais finissais toujours par utiliser les restes de pâte feuilletée pour faire une immonde tarte au Banania et à la banane (avec parfois de la crème fraîche quand c'était Byzance), que tout le monde mangeait en faisait très bien semblant de se délecter. Je n'ai appris que très tardivement que ce must have n'était pas vraiment un must eat, et qu'ils avaient mal au coeur rien que d'y repenser. J'aime faire le bonheur des autres, c'est une seconde nature chez moi...

Tout ça pour dire que dans ce merveilleux livre de recettes figurait également celle du crumble aux pommes, qui - l'âge aidant - a remplacé la tarte au Banania dans le hit machine de mes recettes sucrées. Je l'ai essayée avec de nombreux fruits (mais décidément, rien ne vaut les pommes) et rendue petit à petit plus originale.

Pour la culture, puisqu'il est désormais clair que ce blog culinaire est également à haute teneur en gargarismes intellectualistes, sachez que le crumble a fait son apparition au Royaume-Uni lors de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le rationnement empêchait les mères de famille aimantes de préparer aux leurs de délicieuses et traditionnelles tartes aux fruits. Les miettes qui recouvrent les fruits permettent d'utiliser moins de beurre, de farine et de sucre qu'un fond de tarte. Comme quoi, la guerre peut en effet être sublime. Apollinaire s'extasiait sur les fusées qui illuminaient le ciel, je leur préfère les pâtisseries...


Pour 6 personnes, en dessert :

- 6 pommes
- le jus d'une orange (en cas de flemmardise aiguë, un verre de jus d'orange fait très bien l'affaire)
- 1 bonne cuiller à café de cannelle
- 1 bonne cuiller à café de 5 épices ou de mélange à pain d'épices (plus si vous aimez !)
- 1 trait d'extrait de vanille
- 30 grammes + 30 grammes (et oui, ça fait bien 60 grammes !) de sucre roux
- 100 grammes de farine
- 45 grammes de beurre
- 1 grosse poignée de noix de pécan coupées en morceaux
- 1 pincée de sel

Mettre le four à préchauffer à 200°.

Eplucher et couper les pommes en huitièmes. Les mettre à cuire doucement avec le jus d'orange, 30 grammes de sucre, les épices et la vanille, jusqu'à ce qu'elles soient bien caramélisées. Mettre les pommes dans le fond d'un plat allant au four.

Préparer les miettes en frottant la farine, les 30 grammes de sucre, le beurre, les noix et la pincée de sel. Répartir sur les fruits et enfourner pour 20 à 25 minutes, jusqu'à ce que le dessus soit doré. Servir tiède.


Il paraît qu'une boule de glace à la vanille ou une crème fouettée complète délicieusement ce dessert. Je trouve qu'il se suffit à lui-même, et que la glace fondue ne fait que ramollir les miettes. Cet avis est cependant éminemment subjectif, et je ne tiens pas à vous retenir de céder à cette tentation si jamais elle vous assaille.

vendredi 23 novembre 2007

"Elle ne manque pas de souffle celle-là" : la mousse glacée au limoncello

Il y a une dizaine d'années, j'ai découvert la Campanie, la Côte amalfitaine, Sorrente et le limoncello (vous avez vu un peu comme je sais aller du général au particulier et du moins important au plus important ?!).

J'ai été fascinée par cette région de l'Italie : les couleurs incroyables, les paysages divins, les odeurs de fleurs de citronnier et d'oranger qui envahissaient l'air le soir, les ruelles crasseuses mais pleines de charme de Naples, les ruines antiques, tout m'a plu. Je ne peux pas regarder Le talentueux Monsieur Ripley sans un pincement au coeur pour cette simple raison (et aussi un peu pour Jude Law).

Outre ces aspects culturels fascinants, la région de Sorrente recèle une autre spécialité, le limoncello, un alcool élaboré à partir des écorces des énormes citrons qui poussent partout sur les hauteurs de la côte amalfitaine. En tant que digestif, c'est divin. Et dans les desserts, ça l'est tout autant.

Cette mousse, qui doit être préparée à l'avance, est parfaite pour l'été, servie très fraîche. Je crois qu'elle n'a d'italien que le limoncello, mais je la range malgré tout dans cette catégorie, tant le goût du Limoncello me rappelle toujours ces si belles vacances.


Pour 6 personnes :

- 250 grammes de faisselle
- 3 feuilles de gélatine
- 1 citron (zestes et jus)
- 20 grammes + 100 grammes de sucre
- 20 cl de limoncello
- 2 oeufs (jaunes et blancs séparés)
- 15 cl de crème liquide

Laisser égoutter 1 heure la faisselle.

Zester le citron, et mélanger les zestes avec 20 grammes de sucre pour les cristalliser. Réserver pour la décoration.

Faire ramollir la gélatine dans de l'eau froide. Mettre le jus de citron à tiédir, puis y incorporer hors du feu les feuilles de gélatine et le limoncello.

Fouetter les 2 jaunes d'oeufs avec les 100 grammes de sucre restants, puis la faisselle et le jus de citron au limoncello.

Monter en chantilly la crème liquide, l'incorporer délicatement au mélange. Faire de même avec les blancs en neige.

Répartir dans 6 petits verres, couvrir de film transparent et mettre au réfrigérateur pour au moins 4 heures. Pour qu'elles soient encore plus fraîches, mettre au freezer un quart d'heure avant de les servir en parsemant des zestes sucrés.

lundi 19 novembre 2007

"Un truc à tomber amoureux" : filet mignon sucré-salé au citron vert et au gingembre

Le filet mignon de porc est devenu depuis quelques mois l'une de mes viandes préférées. Celui de veau doit être bon aussi, mais mon minimarché de proximité n'est régulièrement approvisionné qu'en mignons de porc. Rien que son nom, déjà, me fait fondre. Un mignon... comme ceux d'Henri III.

C'est maintenant qu'arrive la page culturelle : le terme de "mignon" n'a, à l'époque d'Henri III, aucune connotation homosxuelle mais désigne les favoris du roi, autorisés à dormir dans la chambre royale, quasi-sacrée. Henri III avait en effet décidé d'écarter les grandes familles qui n'arrêtaient pas de se chamailler pour de vulgaires histoires de religion, pour s'appuyer sur la petite noblesse. La connotation péjorative et moqueuse du terme "mignon" vient de la jalousie des vieux nobles grincheux mis de côté par le roi. Henri III avait même des archimignons, ce que je trouve absolument succulent.

A propos de succulent, revenons en à nos filets mignons que j'aime d'amour : c'est toujours délicieux et fondant, c'est très pratique pour 2 ou 3 convives, ça se marie délicieusement bien avec du sucré (et je suis fan de sucré-salé), et surtout, je n'ai pas à tripoter la viande. Parce que j'adore cuisiner, mais j'ai un léger problème psychologique et sensoriel avec le fait de mettre les doigts dedans quand c'est encore froid et que ça sent la viande crue.

Le porc, ça va encore, mais ma hantise suprême est l'agneau. Evidemment, un séjour en Grèce à Pâques, semaine délicieuse où les agneaux sont dépecés et accrochés entiers par le cou sur n'importe quel trottoir d'Athènes - qui se met à empester le mouton cru - m'a définitivement traumatisée. Pourtant, j'adore l'agneau une fois cuit. Mais si le gentil boucher refuse de me le couper en petits cubes si nécessaires, je ne prends pas d'agneau. Ou alors de la souris, ou une tranche de gigot. Enfin n'importe quoi qui ne se coupe pas avant cuisson.

Pour le filet mignon de porc, la question est vite résolue : on le met dans la cocotte entier et c'est bon. Un miracle de la nature, cette petite chose. Et avec cette recette de Marmiton un peu modifiée (la principale modification est de laisser le filet entier pour qu'il soit plus tendre, plutôt que de le couper en tranches), c'est parfait. D'ailleurs, peut-être est-ce la faute du gingembre, peut-être est-ce parce qu'elle est délicieuse, mais on m'a dit : "ça, c'est une recette à tomber amoureux".


Pour 2 personnes (quitte à tomber amoureux, autant le faire à deux) :

- 1 citron vert
- 1 cuiller à café bombée de gingembre en poudre (ou gingembre frais râpé)
- un filet mignon de porc d'à peu près 400 g
- 2 cuillères à soupe de miel
- quelques feuilles de coriandre
- 20 grammes de beurre
- 1 cuiller à soupe d'huile neutre

Zester le citron vert et le presser.

Faire dorer sur tous les côtés le filet mignon dans le beurre et l'huile pendant 5 minutes. Rajouter le miel, le jus et les zestes de citron vert, et le gingembre. Couvrir et laisser mijoter à feu plus doux 15 minutes en retournant la viande au milieu de la cuisson. Saler et poivrer.

Servir avec les feuilles de coriandre ciselée.

samedi 17 novembre 2007

"Rien ne vaut les classiques" : le hachis parmentier

Avant, lorsque je me lançais dans une nouvelle recette, je me rendais compte à quel point j'étais conditionnée par la cuisine de ma maman : j'avais tendance à n'utiliser que les ingrédients que je connaissais et à me limiter à ses plats traditionnels. Je commence, doucement mais sûrement, à me libérer du joug pesant de l'habitude pour rejoindre le monde rayonnant de la révolution culinaire. C'est comme ça que je me suis lancée dans la réalisation de mon premier hachis parmentier. J'espère que vous appréciez l'exotisme suprême de mes innovations.

Je n'ai aucun souvenir d'enfance de hachis parmentier, qui me semble pourtant bien placé pour concurrencer le jambon-frites dans le top five de la gastronomie enfantine. En même temps, lorsque j'étais petite, je n'aimais pas la purée parce que ça avait le goût de lait. Je vous dirais bien, pour voir dans vos yeux une lueur d'envie ou d'admiration (selon que vous vous sentez plus proches du monde des parents ou des enfants), que je préférais les endives, mais ce n'était pas le cas. Je crois qu'à part des boudoirs trempés dans l'eau, je ne mangeais pas grand-chose avec plaisir. Comme quoi, on finit toujours par changer.

Un jour, malgré ces débuts difficiles avec le hachis parmentier, j'ai eu l'intuition - sortie de nulle part - que j'avais désormais l'âge (canonique de 18 ans) d'apprécier ce grand classique. Et bingo, je suis devenue une parmentier-adepte. C'est chaud, c'est bon, c'est réconfortant, c'est convivial, c'est facile à faire, et ça plaît à tout le monde. Le hachis parmentier fait partie de ces plats dont la seule évocation suffit à réchauffer les coeurs (je sais, je donne beaucoup trop d'importance à ce genre de choses, mais chacun sa secte d'illuminés). Et pour finir, j'adore le concept de plat unique pour un dîner nombreux.

Je ne suis pas franchement anti-conformiste, mais je n'ai pu m'empêcher d'en modifier les fondamentaux. En réalité, je n'ai pas modifié, j'ai rajouté, c'est encore mieux. J'ai mélangé plein de recettes différentes pour finir par trouver celle qui me plaisait le plus.


Pour 6 personnes dotées d'un solide appétit :

- 600 grammes de viande de boeuf hachée
- 1 carotte
- 2 oignons
- 100 grammes de champignons de Paris
- 800 grammes de pommes de terre à purée
- 50 grammes de beurre (+ beurre pour faire cuire les légumes)
- 20 cl de crème fraîche
- 20 cl de lait
- 50 grammes de gruyère râpé

Mettre les pommes de terre entières à cuire à l'eau, avec leur peau.

Emincer les oignons. Eplucher les carottes et les couper en fines rondelles. Eplucher les champignons de Paris et les couper en petits cubes.

Dans une grande poêle, faire dorer les oignons à feu doux dans le beurre, puis les réserver. Les remplacer par les carottes pour les faire caraméliser dans le beurre, puis réserver. Ensuite, faire suer les champignons. Enfin, faire cuire la viande en ajoutant tous les légumes à la fin de la cuisson. Saler et poivrer.

Lorsque les pommes de terre sont cuites, les éplucher puis les couper en quatre pour les réduire en purée, au robot ou au presse-purée. Ajouter le lait bouillant, le beurre et la crème. Saler et poivrer.

Dans un grand plat allant au four, commencer par étaler une fine couche de purée, puis la viande mêlée aux légumes, puis une couche plus épaisse de purée et finir par une fine couche de gruyère râpé. Enfourner pour 20 à 30 mn à 200°, le temps que le dessus soit bien doré.


Avec une salade verte, on dirait presque un repas équilibré. Le grand plat est sympathique et convivial, mais ne permet pas d'avoir un hachis très présentable. Pour un service un peu plus chic, il vaut mieux utiliser de petits plats individuels.

vendredi 16 novembre 2007

"Sagens net immer na bravo !" : le Kaiserschmarrn

Etrange choix, pour inaugurer ce blog culinaire, qu'une recette dont on n'arrive à peine à prononcer le nom sans être agrégé d'allemand. Mais finalement, ce n'est pas forcément une mauvaise idée.

D'une part, cela vous plongera tout de suite dans le bain : j'aime la cuisine allemande et autrichienne. Si vous pensez qu'elle n'est constituée que de chou et de saucisse, vous vous trompez, et je me ferai un grand plaisir de vous le démontrer en douceur. Faites moi confiance, tout va bien se passer.

D'autre part, le Kaiserschmarrn - la "crêpe de l'Empereur" - est un met chargé d'histoire et de nostalgie pour moi. Parce que l'Empereur en question est François Ier, le mari de Sissi. Et que Sissi, c'est surtout Sissi le film, Romy Schneider et cet inoubliable triptyque qui revient chaque année durant les vacances de Noël faire rêver toutes les petites filles. Sissi, ce sont des scènes de valse d'anthologie, et des répliques qui me font toujours mourir de rire : "Josef, sagens net immer na bravo !" dit la méchante belle-mère. "Na bravo !" répond le merveilleux beau-père qui fait semblant d'être sourd pour ne plus être emmerdé par sa femme (une solution somme toute raisonnable pour faire perdurer la paix des ménages).

Le Kaiserschmarrn est donc un plat autrichien, du genre plus autrichien tu meurs. Et forcément, cela me rappelle mon année à Vienne. Pourtant, c'est en Allemagne que je l'ai découvert, grâce à la grand-mère de mon amie de Heidelberg. Un vieux reste de l'époque d'avant 1945, où 12 millions d'Allemands vivaient en dehors des frontières actuelles de leur pays, les Heimatvertriebene. Sa grand-mère, avant de rejoindre l'Allemagne de l'Ouest plus ou moins volontairement, venait des Sudètes, et cette partie de ce qui était alors la Tchécoslovaquie avait longtemps été baignée de l'influence austro-hongroise, d'où le Kaiserschmarrn. Comme quoi, tout se tient, et la cuisine peut être une source inépuisable de découvertes historiques et culturelles.

Pour finir, le Kaiserschmarrn me rappelle inévitablement ce dîner mémorable avec mon ex-beau-frère, qui avait, entre autres délicieusetés lancées en public, affirmé que "ok, c'était bon, mais de là à dire que c'était délicieux, il irait pas jusque là". Mais comme il est le seul à être de cet avis, on ne le prendra pas en compte.

Maintenant que vous avez compris que ce blog donne autant de recettes qu'il raconte ma vie (bavarde je suis, bavarde je reste), je vais laisser la place à la star du jour.


Les Autrichiens font parfois du Kaiserschmarrn un plat principal - nous aurons l'occasion de revenir sur cette merveilleuse habitude germanique de faire d'un dessert un plat principal pour le déjeuner, ce qui ravit les becs sucrés comme moi. Je trouve quant à moi qu'il se révèle parfait pour un brunch dominical ou un goûter robuste.

Voici donc la recette 100% version originale de la grand-mère de mon amie.

Pour deux personnes, en plat de brunch :

- 3 oeufs
- 1 pincée de sel
- 12,5 centilitres de lait
- 75 grammes de farine
- 40 grammes de sucre
- un trait de vanille liquide
- 25 grammes de beurre
- raisins secs (plus ou moins selon le goût)
- sucre en poudre

Commencer par séparer les blancs des jaunes, et les monter en neige avec la pincée de sel.

Dans un saladier, mélanger au fouet les jaunes d'oeufs, le sucre, le lait, la farine et la vanille. Ajouter petit à petit les blancs en neige, sans chercher à les assimiler parfaitement à la pâte, il peut rester quelques petits morceaux de blancs dans la préparation.

Faire chauffer doucement une grande poêle (feu doux-moyen) et y mettre le beurre à fondre. Verser la pâte en crêpe épaisse et saupoudrer de raisins secs, plus ou moins selon vos goûts. Lorsque la pâte commence à cuire sur un côté, couper la crêpe en morceaux d'1 cm sur 3 environ, et faire dorer ces morceaux sur tous les côtés. Hors du feu, saupoudrer de sucre glace.

Le Kaiserschmarrn est en général servi avec une bonne cuillère de compote de pomme (Apfelmus), de quetsche (Zwetschkenröster) ou d'abricot (Marillenröster).

Au passage, remarquez la richesse sémantique de la langue autrichienne : le Röster est l'équivalent allemand de la Kompott, qui n'est pas du tout comme la Mus. L'Apfelmus est une compote de pommes sans morceaux, tandis que la Kompott ou le Röster sont juste des fruits cuits dans un peu d'eau et du sucre, mais qui n'ont pas été passés au presse-légumes.

Si vous êtes fins germanistes, vous aurez également remarqué que les Pflaumen (les prunes) ont été remplacés par des Zwetschken ou Zwetschgen, et les Aprikosen (les abricots) ont cédé la place à des Marillen. Une prochaine fois, je vous parlerai des Erdäpfel et des Paradeiser. Fin de la leçon d'autrichien.